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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/135

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bel enfant et le plus insigne libertin qu’il y eût peut-être dans tout Paris. Les inclinations les plus vicieuses s’annonçaient en lui dès ses plus jeunes années, et le petit fripon n’avait rien de plus à cœur, que de me les suggérer toutes. À peine avait-il dix ans, qu’il était déjà paillard, ivrogne, voleur et cruel, et qu’il m’inspirait tous ces vices, en me les préconisant avec une force d’esprit et de raison très-extraordinaires à son âge. Ce fut lui qui me révéla les secrets de notre naissance, en faisant naître en moi, pour ceux de qui nous la tenions, le plus excessif mépris. Cependant, de l’Aigle aimait sa mère ; il la convoitait même ; cela se voyait aisément. Je n’ai que dix ans, Séraphine, me disait-il quelquefois, mais je coucherais avec ma mère, tout aussi bien que Siméon ; je suis bien sûr que je lui en fairais tout autant que lui… je les ai vus… je sais tout, et je te l’apprendrai quand tu voudras. Malheureusement, comme je vous l’ai dit, Pauline favorisait un peu toutes ces mauvaises dispositions ; elle idolâtrait mon frère ; elle le couchait avec elle ; et de l’Aigle ne fut pas longtems à m’avouer que c’était de cette mère incestueuse, qu’il apprenait une grande partie des choses dont il avait tant