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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/15

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mèdes physiques. Ne ririez-vous pas du charlatan qui, n’ayant qu’une pratique semblable pour tous les tempéramens, purgerait le fort de la halle comme la petite-maîtresse à vapeurs ? Eh ! non, non, mes amis, ce n’est que pour le peuple que la loi est faite ; se trouvant à-la-fois le plus faible et le plus nombreux, il lui faut absolument des freins dont l’homme puissant n’a que faire, et qui ne peuvent lui convenir sous aucun rapport. La chose essentielle, dans tout gouvernement sage, est que le peuple n’envahisse pas l’autorité des grands ; il ne l’entreprend jamais, sans qu’une foule de malheurs ne bouleverse l’état, et ne le gangrène pendant des siècles. Mais, tant qu’il n’y aura, dans une nation quelconque, d’autre inconvénient que celui de l’abus des pouvoirs du fort sur le faible, comme le résultat n’en est que de river les fers du peuple, cette action deviendra bonne au lieu d’être mauvaise ; et toute loi qui la protégera, tournera dès-lors à la gloire de l’état et à sa prospérité. Le régime féodal favorisait cette manière de voir ; et c’est sous lui que la France est parvenue au dernier degré de sa grandeur et de sa prospérité… à l’exemple de Rome qui ne fut jamais si grande, que quand le despotisme fut