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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/202

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j’enlève qu’à moi-même, et n’exigeant jamais d’elle que de la soumission, je ne puis être tenu, d’après cela, à lui accorder aucune gratitude. Je demande à ceux qui voudraient m’y contraindre, si un voleur qui arrache la bourse d’un homme dans un bois, parce qu’il se trouve plus fort que lui, doit quelque reconnaissance à cet homme du tort qu’il vient de lui causer ? Il en est de même de l’outrage fait à une femme ; ce peut être un titre pour lui en faire un second, mais jamais une raison suffisante pour lui accorder des dédommagemens. — Oh ! monsieur, dit Justine, à quel point vous portez la scélératesse ! — Au dernier période, dit Roland ; il n’est pas un seul écart au monde où je ne me sois livré ; pas un crime que je n’aye commis, et pas un que mes principes n’excusent ou ne légitiment. J’ai ressenti sans cesse au mal une sorte d’attrait tournant toujours au profit de la volupté. Le crime allume ma luxure ; plus il est affreux, plus il m’irrite ; je bande en le projetant, je décharge en le consommant ; et ses doux souvenirs réveillant mes esprits, ce n’est jamais que dans l’intention d’un nouveau, que le foutre piccote mes couilles. Tiens, vois mon vit, Justine ; j’ai la ferme résolution de t’assassiner, voilà d’où vient qu’il