Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un tel état de douleur, qu’elles étaient toujours prêtes à rendre l’ame, sans pouvoir y réussir, par les soins cruels de ces barbares, qui, les faisant flotter de secours en tourmens, ne les rappelaient cette minute-ci à la lumière que pour leur offrir la mort celle d’après… Moi, je suis trop doux, Justine, poursuivait ce taureau toujours limant, toujours déchirant le sein de Suzanne… oh ! Oui, je suis trop doux… je n’entends rien à tout cela… je ne suis qu’un écolier. Au bout d’une courte carrière, Roland se retire enfin, sans terminer le sacrifice, et cause plus de mal à Justine par cette retraite précipitée, qu’il ne lui en a fait en s’introduisant. Il se jette, tout bandant, dans les bras de Suzanne ; et joignant le sarcasme à l’outrage, aimable créature, lui dit-il, comme je me rappelle avec délices les premiers instans de notre union ! jamais femme ne me donna des plaisirs plus vifs ! jamais je n’en aimai comme toi !… Embrassons-nous, Suzanne, nous allons nous quitter pour bien long-tems, peut-être. — Tigre, répond cette malheureuse en repoussant avec horreur celui qui lui tiens d’aussi cruels discours, éloignes-toi ; ne joins pas aux tourmens que tu m’infliges le désespoir