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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/213

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tel était le nom de cette funeste plaisanterie dont nous avons parlé plus haut. Notre orpheline monte sur le trépied ; le vilain lui attache la corde au cou, et se met vis-à-vis

    cendons. (Voyez l’Histoire des Celtes, par Peloutier.) Presque tous les écarts de débauches, les passions singulières du libertinage décrites dans l’histoire de Justine, et qui réveillaient si ridiculement jadis l’attention des loix, étaient, pris dans des tems plus reculés encore, ou des jeux de nos ancêtres, ou des coutumes légales, ou des cérémonies religieuses. Dans combien de cérémonies pieuses des Payens, par exemple, ne faisait-on pas usage de la fustigation ? Plusieurs peuples employaient ces mêmes tourmens pour installer leurs guerriers : cela s’appelait huscanavar. (V. les cérémonies religieuses de tous les peuples de la terre.) Ces plaisanteries, dont tout l’inconvénient est, au plus, la mort d’une putain, étaient des crimes capitaux dans le dernier siècle, et dans les quatre-vingt premières années de celui-ci ; mais on s’éclaire, et, grâces à la philosophie, un honnête homme ne sera plus sacrifié pour une racrocheuse. Mettant ces viles créatures à leur véritable place, on commence à sentir qu’uniquement faites pour servir de victimes à nos passions, ce n’est que leur désobéissance qu’il faut punir, et non pas nos caprices.