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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/224

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que ce puisse être, elle vole le dégager ; il tombe évanoui ; mais à force de soins, elle lui fait bientôt reprendre ses sens. — Oh ! Justine, dit-il en ouvrant les yeux, on ne se figure point ces sensations, elles sont au-dessus de tout ce qu’on peut dire : qu’on fasse maintenant de moi ce qu’on voudra, je brave le glaive de Thémis, Tu vas me trouver bien coupable envers la reconnaissance, Justine, dit Roland en lui liant les mains derrière le dos, mais que veux-tu, ma chère, on ne se corrige point à mon âge ; chère créature, tu viens de me rendre la vie, et je n’ai jamais si fortement conspiré contre la tienne ; tu as plaint le sort de Suzanne, eh bien, je vais te réunir à elle, je vais te plonger vive dans le caveau où repose son corps. Justine a beau pleurer, beau gémir, Roland n’écoute plus rien ; il ouvre le caveau fatal ; il y descend une lampe, afin que la malheureuse puisse discerner encore mieux la multitude de cadavres dont il est rempli ; il lui passe ensuite une corde sous les bras, qui, comme on vient de le dire, étaient liés derrière son dos, et par le moyen de cette corde, il la descend a vingt pieds au fond de ce caveau. On ne se peint point les douleurs de Justine ; il semblait que l’on lui arracha