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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/29

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cette opinion, la question est de savoir si elle est fondée. Je crains bien qu’en l’examinant, nous ne la trouvions tout aussi chimérique que les cultes qu’elle autorise. L’on conviendra que, dans les siècles même où cette opinion sembla le plus accréditée, elle trouva toujours des gens assez sages pour la révoquer en doute.

Il était impossible de ne pas sentir à quel point devenait nécessaire aux hommes la connaissance de cette vérité, et cependant aucun des Dieux qu’avait érigé leur extravagance ne prenait le soin de les en instruire. Il paraît que cette absurdité naquit chez les Egyptiens, c’est-à-dire, chez le peuple le plus crédule et le plus superstitieux de la terre. Une chose pourtant est à remarquer : c’est que Moïse, quoiqu’élevé dans ces écoles, n’en dit pas un seul mot aux Juifs ; assez bon politique pour créer d’autres freins, il n’osa jamais, on le sait, employer celui-là chez son peuple : trop de bêtise le caractérisait, pour qu’il imaginât de s’en servir. Jésus lui-même, ce modèle des fourbes et des imposteurs, cet abominable charlatan, n’avait aucune notion de l’immortalité de l’ame ; il ne s’exprime jamais qu’en matérialiste ; et lorsqu’il menace les hommes,