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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/290

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ment, ces supplices seraient et plus affreux et plus multipliés, sans doute. Souvenez-vous bien que la soumission du peuple, cette soumission si nécessaire au souverain qui le régit, n’est jamais due qu’à la violence et qu’à l’étendue des supplices[1]. Tout chef, quel qu’il soit, qui voudra gouverner par la clémence, sera bientôt culbuté de son trône. L’animal féroce, connu sous le nom de peuple, a nécessairement besoin d’être conduit avec une verge de fer : vous êtes perdu, dès l’instant où vous lui laissez appercevoir sa force. Ce ne sera jamais que pour secouer le joug, qu’il profitera des rayons de lumières que vous laisserez briller à ses yeux ; et quelle nécessité y a-t-il donc de l’instruire ? quel bien l’État recueille-t-il de la philosophie du peuple ? Il ne faut d’autre vertu que la patience et la soumission dans l’individu gouverné ; l’esprit, les talens, les sciences ne sont faits pour être le partage que du gouvernant. Les plus grands

  1. En voyant dans quelle bouche nous plaçons des projets de terreur et de despotisme, nos lecteurs ne nous accuseront pas de prétendre à les faire aimer.