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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/329

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que le crime ose t’affronter et te vaincre avec autant d’insolence et d’impunité ?

Dès en arrivant à Lyon, Justine fut précipitée dans le cachot des criminels, où on l’écroua comme incendiaire, fille de mauvaise vie, meurtrière d’enfant, et voleuse.

Il y avait eu sept personnes de brûlées dans l’auberge, elle avait pensé l’être elle-même, elle avait voulu sauver un enfant, elle allait périr ; mais celle qui était cause de cette horreur, échappait à la vigilance des loix, à la justice du ciel, elle triomphait, elle retournait à de nouveaux crimes, tandis qu’innocente et malheureuse, Justine n’avait pour perspective que le déshonneur, que la flétrissure et la mort.

Dubois rendit compte à l’évêque de tout ce qui s’était passé ; et celui-ci, furieux de manquer sa proie, voulut se dédommager au moins en faisant ajouter, le plus qu’il serait possible, de charges au procès de cette infortunée ; il envoya sur-le-champ son aumônier à Lyon, muni de nouvelles pièces contre elle. On l’accusait d’avoir volé monseigneur pendant le tems où il avait eu la bonté de la prendre à son service ; ce surcroît de preuves