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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/47

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que celui-ci ait produit le premier, toujours est-il que j’ai pour tous deux la plus profonde horreur, et que mon immoralité, fondée sur mon athéisme, me fera bafouer et ridiculiser les liens sociaux avec autant de charmes et d’énergie que je détruirai la religion. — Voilà comme il faut penser, dit Verneuil ; toutes ces imbécillités humaines ne peuvent enchaîner que les sots, et des gens d’esprit tels que nous doivent les mépriser à jamais. — Il faut aller plus loin, dit d’Esterval ; il faut les heurter de front ; il faut que toutes les actions de notre vie n’ayent pour but que d’enfreindre la morale et de pulvériser la religion : ce n’est que sur les débris de l’une et l’autre de ces chimères que nous devons établir notre félicité dans ce monde. — Oui, dit Bressac ; mais je ne connais aucun crime qui satisfasse bien ce degré d’horreur que j’ai pour la morale ; aucun qui détruise, comme je le voudrais, toutes les superstitions religieuses. Qu’est-ce que tout ce que nous faisons ? Il n’y a dans tout cela rien que de simple : tous nos petits forfaits immoraux se réduisent à quelques sodomies, quelques viols, quelques incestes, quelques meurtres ; nos petits crimes religieux, à quelques blasphèmes, quelques pro-