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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/22

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dit-elle, tu as manqué de conduite, et si malheureusement quelqu’un fût venu… à ton désordre… à tes mouvemens, on t’aurait jugé criminelle : prends garde à cette faute ; tout ce que tu voudras d’ardeur au dedans, mais le plus grand flegme au dehors. Quand tu resserreras ainsi les effets lubriques, ils auront plus d’activité.

2°. Ta tête n’a pas conçu la chose en grand ; car tu conviendras qu’ayant sous tes fenêtres un bourg immense et sept ou huit gros villages aux environs, il y a de la sagesse… de la pudeur à n’aller s’égarer que sur une seule maison et dans un endroit bien isolé… de crainte que les flammes, en se propageant, n’augmentent l’étendue de ton petit forfait : on voit que tu as frémis en exécutant. Voilà donc une jouissance manquée, car celles du crime ne veulent pas de restriction ; je les connais ; si l’imagination n’a pas tout conçu, si la main n’a pas tout exécuté, il est impossible que le délire ait été complet, parce qu’il reste toujours un remords… Je pouvais, faire davantage, je ne l’ai pas fait. Et les remords de la vertu sont pis que ceux du crime : lorsqu’on est dans le train de la vertu et que l’on a fait une mauvaise action,