Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les emplettes que nous allons faire ; il faudra les lui vendre au poids de l’or. — Tu crois donc, qu’à quelque point que l’on aime un homme… quelques soient ses rapports avec nous, tu crois donc, dis-je, que nous devons, malgré cela, le tromper toujours également… Bien certainement, répondit Clairwil, sa seule qualité d’homme nous oblige à le traiter, comme il le fait toujours, quand il vit avec nous ; et dès qu’il n’y a pas un seul homme de franc, pourquoi veux-tu donc que nous le soyons avec eux ? Amuse-toi des goûts de ton amant, dès qu’ils s’enchaînent avec tes caprices ; jouis de ses facultés morales et physiques ; échauffe-toi de son esprit, de ses talens ; mais ne perds point de vue qu’il est d’un sexe ennemi déclaré du tien… que tu ne dois jamais manquer l’occasion de te venger des outrages que ton sexe a reçus de lui, et que tu es tous les jours, toi-même, à la veille d’en recevoir : en un mot, il est homme, et tu dois le duper… Tu es encore d’une incroyable bonhomie sur tout cela ; tu respectes les hommes, tandis qu’il ne faut que s’en servir et les tromper. Tu ne tires pas de Saint-Fond le quart de ce que j’en aurais à