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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/24

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dès qu’il tournait le dos, il fallait le faire arrêter comme fuyard, et comme incendiaire, le livrer à ta justice ; avec quelques louis, tu trouvais des témoins, Elvire elle-même t’en servait ; elle déposait que le matin elle avait vu cet homme errer dans son grenier, d’un air insensé, qu’elle l’avait interrogé, qu’il n’avait pu répondre à ses questions ; et dans huit jours, on serait venu te donner le spectacle voluptueux de brûler ton homme à ta porte : que cette leçon te serve, Juliette, ne conçois jamais le crime sans l’étendre ; et quand tu es dans l’exécution, embellis encore tes idées.

Voilà, mes amis, les cruelles additions que Clairwil eût désiré me voir mettre au délit que je lui avouais, et je ne vous cache pas que, profondément frappée de ses raisons, je me promis bien de ne plus retomber dans des fautes si graves. La fuite du paysan me désolait sur-tout, et je ne sais ce que j’aurais donné pour le voir rôtir à ma porte ; je ne me suis jamais consolé de cette fuite.

Enfin le jour de ma réception au club de Clairwil arriva. On appellait cette réunion : La Société des Amis du Crime. Dès le matin, mon introductrice m’apporta les statuts