Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déguisant le jour ? Tous les moyens de s’enrichir sont prouvés bons, madame ; autant celui-là qu’un autre.

Ici, je me rappelai les maximes de Dorval, sur le vol, et je conçus qu’elles n’avaient rien qui ne pût s’appliquer à ce genre. Je demandai à la femme qui m’instruisait, comment l’on pouvait se perfectionner dans cette manière de dérober le bien d’autrui, en l’assurant que je connaissais parfaitement les autres. Il y a des maîtres, me répondit-elle, et si vous voulez, dès demain, je vous en enverrai un. J’acceptai : l’instituteur parut, et en huit jours, il me forma si bien, dans l’art d’être maîtresse des cartes, que je ramassai deux mille louis, pendant les trois mois que je fus à Turin. Lorsqu’il fallut payer mon maître, il n’exigea que mes faveurs ; et comme c’était à l’italienne qu’il les exigeait, et que cela me convenait infiniment, après m’être bien assurée de sa santé, précaution indispensable dans ce pays-là, je le laissai jouir d’une manière convenable à un homme dont la trahison était le métier.

Sbrigani, c’était le nom de ce maître, joignait à une figure séduisante, à un très-