Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/361

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comme la mienne. — Vous ne réparerez jamais cette perte. — Pourquoi donc ? — Je l’aimais. — Ah ! si vous êtes encore assez niaise en lubricité, pour aimer l’objet qui vous sert, il est certain que je n’ai plus rien à dire ; je chercherais en vain des raisonnemens pour vous convaincre, il n’en est point contre la stupidité. — Eh bien ! c’est pour moi-même ; j’ai peur, puisque vous ne respectez rien. Qui me garantit du traitement pie vous venez de faire éprouver à mon amie ?… Rien, rien absolument, dit Minski, et si je bandais pour vous assassiner, vous n’existeriez pas un quart-d’heure ; mais je vous ai crue aussi scélérate que moi ; et puisque vous me ressemblez, de ce moment, j’aime mieux vous prendre pour ma complice que pour ma victime : les deux hommes qui vous accompagnent me paraissent de même ; je les crois comme vous, moins propres à servir mes luxures qu’à les partager : votre sûreté se trouve dans cette hypothèse. Il s’en fallait bien qu’Augustine en fût là ; je suis bon physionomiste ; plus complaisante que criminelle, elle se prêtait à ce que vous desiriez, mais il s’en fallait bien qu’elle fit ce qu’elle voulait. Oh, Juliette ! rien n’est