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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/85

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fait une aussi délicieuse décharge ; elle m’épuisa au point de m’ôter la force de reparaître au salon. J’emmenai Clairwil chez moi ; nous soupâmes et couchâmes ensemble. Ce fut là où cette charmante femme, s’imaginant m’avoir vu manquer d’énergie dans l’action que je venais de commettre, cm devoir m’adresser encore le conseil suivant :

En vérité, Juliette, me dit-elle, ta conscience n’est pas encore où je la voudrais ; ce que j’exige est qu’elle devienne tellement tortue qu’elle ne puisse jamais se redresser ; il faudrait employer mes moyens, pour en venir là ; je te les indiquerai si tu veux, mais je crains que tu n’aie pas la force de les mettre en usage. Ces moyens, chère amie, sont de faire à l’instant, de sang froid, la même chose qui, faite dans l’ivresse, a pu nous donner des remords. De cette manière, on heurte fortement la vertu quand elle se remontre, et cette habitude de la molester positivement à l’instant où le calme des sens lui donne envie de reparaître, est une des façons la plus sure de l’anéantir pour jamais ; emploie ce secret, il est infaillible ; dès qu’un instant de calme laisse arriver à toi la vertu, sous la forme du re-