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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/121

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tyrans de la terre, si le poignard qu’il faut pour les détruire, est remis à mon bras par vous ; et je racontai sur-le-champ au sénateur mon aventure avec la princesse de Hollande, bien faite pour lui prouver, à quel point j’abhorrais et la tyrannie et ceux qui l’exerceaient. Mon ami, me dit le sénateur, votre femme pense-t-elle comme vous ? En douterez-vous, répondis-je, quand vous saurez que c’est par les mêmes raisons que moi, qu’elle s’est séparée de la princesse de Hollande, qui la comblait de faveurs. Eh bien, me dit Steno, venez sans faute demain au soir, souper tous deux avec mes amis, et vous apprendrez là des choses qui vous surprendront.

Je fis part à Emma de cette conversation. Avant que de nous lier là, mon ami, me dit-elle, réfléchis bien où cela peut nous conduire ; rappelle-toi sur-tout que ce fut bien plutôt, ce me semble, par éloignement pour les affaires d’état que par esprit de parti, que tu refusas de servir la cause de Sophie. Non, dis-je, tu te trompes ; en m’interrogeant avec soin depuis, j’ai senti que la seule horreur que j’eus toute ma vie pour le despotisme d’un seul m’avait porté au