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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/123

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davantage ceux que tu vois ne combattre la tyrannie qu’avec le despotisme ; le trône est du goût de tout le monde, et ce n’est pas le trône qu’on déteste, c’est celui qui s’y asseoit. Je me sens quelques dispositions à jouer un rôle dans le monde ; il ne faut ni préjugés ni vertus pour y réussir ; un front d’airain, une ame corrompue et de la fermeté dans le caractère, j’ai tout cela ; la fortune me présente la main, j’accepte ; pare-toi demain, sois fière, spirituelle et catin ; ce seront, je le vois, les qualités qu’il faudra chez Steno ; ce seront celles qui plairont à ses amis, montre-les, tu les as, et sur-tout ne frémis de rien.

Nous nous rendîmes à l’heure indiquée, et remarquâmes qu’aussitôt que nous fûmes entrés, un laquais vint dire au portier — Ils y sont tous, ne laissez plus entrer personne.

La société se trouvait réunie dans un pavillon situé au bout du jardin de ce vaste palais ; de grands arbres environnaient ce local, qu’on eût pris pour un temple érigé au Dieu du silence. Un valet, sans nous accompagner, se contente de nous montrer le lieu où il faut se rendre ; nous entrons :