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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/149

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beau quartier de la ville ; les valets, les équipages, la bonne chère, tout fut prodigué, et la meilleure compagnie s’honora bientôt d’être présentée chez ma femme. Les Russes aiment le faste, l’opulence, le luxe : mais se réglant absolument sur nous, aussitôt qu’un Seigneur français s’annonce avec un peu de magnificence, tous s’empressent à le copier. Le ministre de l’impératrice m’invita de lui-même à me faire présenter à sa souveraine, et me sentant né pour les grandes aventures, j’acceptai ses propositions,

Catherine, toujours familière avec ceux qui lui plaisaient, me demanda plusieurs particularités sur la France, et satisfaite de mes réponses, elle me permit de lui faire souvent ma cour ; deux ans se passèrent ainsi, pendant lesquels nous nous plongeâmes, Amélie et moi, dans tout ce que cette belle ville pouvait offrir de voluptés. Un billet m’instruisit, à la fin, des motifs que l’Impératrice avait eue, en témoignant le desir de me voir souvent. Elle m’engageait, par cette missive, à me laisser conduire dès que la nuit serait venue, dans une de ses maisons de campagne, située à