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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/158

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rétablir les choses en Russie, comme elle l’étaient avant le malheureux siècle de Pierre ; Bazilovitz régna comme je veux régner ; sa tyrannie me servira de modèle : il s’amusait, dit-on, à assomer les prisonniers qu’il faisait, à violer leurs femmes et leurs filles, à les mutiler de sa main, à les déchirer et les brûler ensuite ; il assassina son fils, il punit une insurrection dans Novogorod, en faisant jetter trois mille hommes dans le Volga. Il était le Néron de la Russie ! Et bien, j’en serai moi la Théodore ou la Messaline ; aucune horreur ne me retiendra pour m’affermir sur le trône, et la première que je dois consommer est la destruction des jours de mon fils. J’ai jeté les yeux sur vous, Borchamps, pour l’accomplissement de ce forfait politique. Celui que je choisirais dans ma nation pourrait être attaché à ce prince, et je n’aurais qu’un traître au lieu d’un complice ; je me souviens des plaintes légitimes que j’eus à faire du Russe à qui je confiai le meurtre de mon époux ; je ne veux plus me retrouver dans le même cas ; il ne faut pas absolument que ce soit un homme du pays qui soit chargé de ces grands desseins ; un reste d’attachement fabuleux