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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/193

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qu’elle dût inspirer, je ne fus vraiment ému en la voyant, que de l’extrême desir de la faire foutre à Tergowitz ; je ne bandais que pour cela, je ne me branlais que sur cette idée. J’avais mené le hongrois chez Calni, protecteur de Philogone, et lui avais sur-le-champ fait part d’un dessein qui paraissait lui plaire infiniment. Je ne vais travailler que pour toi, lui dis-je, ô mon ami ! Il faudrait, ce me semble, répondit Tergowitz, élever un peu plus nos vues. Ce banquier est, dit-on, l’un des plus riches de Constantinople : tout en travaillant la protégée, ne pourrions-nous pas voler le patron ? Il me semble que ses trésors nous feraient voyager en Italie avec beaucoup plus d’agrément. Ce projet, dis-je à mon ami, n’est pas d’une exécution bien facile ; nous ne sommes pas les plus forts ici, et je ne vois que la ruse qui puisse nous amener où tu dis. Commençons, dans ce cas, par semer cent mille écus pour recueillir au moins deux millions : me désapprouves-tu ? — Non. — Eh bien ! laisse-moi faire.

Je commençai par louer une maison de campagne superbe mais isolée, et le plus loin possible de la ville ; dès qu’elle fut garnie