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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/206

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mens de Calni… ils furent toujours honnêtes comme son cœur. Mon protecteur, en voyageant, monsieur, trouva, il y a seize ans, dans une auberge de Suède, une jeune personne abandonnée qu’il fit transporter à Stockolm où l’appelaient ses affaires. Cette jeune personne était grosse ; mon père ne la quitta point ; elle me mit au monde. Calni voyant ma mère hors d’état de m’élever, me demanda à elle, et m’obtint. N’ayant point eu d’enfans de sa femme, tous deux prirent de moi les plus tendres soins. Et que devint votre mère, demandai-je ici avec une espèce de pressentiment dont je ne fus pas le maître ? Je l’ignore, me répondit Philogone : nous la laissâmes en Suède, seulement aidée de quelques secours accordés par Calni… Et qui ne la conduisirent pas loin, dit ici la vieille femme. Et se jetant à nos genoux : O Philogone ! reconnais celle qui t’a donné le jour ; et vous, Borchamps, jetez encore un œil de pitié sur la malheureuse Clotilde Tilson que vous séduisîtes à Londres, après avoir sacrifié sa famille, et que vous laissâtes grosse de cette pauvre enfant, dans une auberge de Suède, où une femme qui se disait la vôtre, eut la barbarie de vous enlever à