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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/219

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O Juliette ! s’écria Clairwil, dès que son frère eut cessé de parler, trouves-tu qu’un tel homme soit digne de moi ?… Il l’est de tous les philosophes, dis-je, il l’est de tous ceux qui auront assez d’esprit pour sentir que la première des loix est celle de travailler à son bonheur, abstraction faite de tout ce que peuvent dire ou penser les autres. Borghèse se jette dans nos bras, nous nous embrassons encore mille fois tous. Borchamps, auquel nous ne donnerons plus d’autre nom, et Sbrigani, paraissent également enchantés de faire connaissance ensemble ; Elise et Raimonde se félicitent de voir ainsi se terminer une aventure dont les commencemens les avaient si fort effrayées.

Nous en étions tous à ces marques réciproques de tendresse et d’amitié, lorsqu’on vint avertir le capitaine, que ses cavaliers amenaient une voiture qui contenait une famille entière, et beaucoup d’argent. Voilà deux excellentes choses, répondit l’aimable frère de Clairwil ; ces individus, je me flatte, seront de nature à servir nos voluptés, et quant à l’argent, il ne saurait venir plus à-propos, car il faudra bien que la