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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/23

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loin de me repentir d’aucune des actions de ma vie ; il n’en est pas une seule que je ne sois prête à recommettre encore si j’en avais la faculté ; c’est sur la privation de cette faculté que je pleure, et non sur les résultats obtenus d’elle, quand je la possédais. Ah ! Raimonde, tu ne connais pas l’empire du vice, dans une ame comme la mienne ! Paitrie de crimes, alimentée par le crime, elle n’existe que pour s’en repaître et mon cou serait sous le glaive, que je voudrais en commettre encore ; je voudrais que mes cendres en fissent exhumer ; je voudrais que mes mânes errantes sur les mortels, les empoisonnassent de crimes, ou leur en inspirassent : ne crains rien, au surplus, nous sommes dans les mains du vice… un Dieu nous protégera. Je frémirais bien plus, si les fers qui nous captivent, étaient ceux de l’épouvantable déesse, que les hommes osent appeler Justice ; fille du despotisme et de l’imbécillité, si la putain nous tenait, je te ferais déjà mes derniers adieux ; mais le crime ne m’effraya jamais ; les sectateurs de l’idole que nous adorons, respectent leurs égaux, et ne les frappent point ; nous prendrons parti avec eux, s’il le faut. J’aime