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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/27

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l’exécution. — Il tue donc rarement, votre maître ? — Ah ! il n’immole pas six victimes par semaine… Il en a tant tué !… Il en est las. Il sait, d’ailleurs, que cela fait les délices de sa femme, et, comme il l’aime beaucoup, il lui abandonne cet emploi. Adieu ! dit le bourru en se retirant, je vous quitte, j’en ai d’autres à servir ; nous ne chaumons pas ici : graces au ciel, la maison est toujours pleine ; on ne conçoit pas l’immensité des prisonniers que nous faisons… Camarade, continuai-je, sais-tu ce que sont devenus nos effets ? — Cela se met en magasin… oh ! soyez tranquille, vous ne les reverrez plus ; mais rien ne se perd : on a soin de tout cela. Et notre homme sortit.

Une lucarne de trois ou quatre pouces, au plus, nous donnait assez de jour pour nous examiner dans ce cachot, et nous ne manquâmes pas de le faire sitôt que nous fûmes seules. Eh bien ! dis-je à ma chère Elise, ton espoir est-il suffisamment déçu maintenant ? Pas encore, me répondit cette aimable fille, rien ne peut me déterminer à y renoncer ; mangeons, et ne nous désespérons point. Ce triste repas était à peine fini