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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/291

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l’espèce d’équité de ne pas se risquer soi-même, et quoique cet usage fût rempli d’extravagances et de folies, il l’était pourtant beaucoup moins, que celui que nous suivons de nos jours. Mais, voici ce qu’il y a de plaisant, les champions, qui jadis combattaient pour la cause d’autrui, étaient généralement regardés comme des gens vils, nous les avons remplacé, et nous serions méprisés si nous ne jouions pas le rôle de gens déclarés méprisables. Exista-t-il jamais des inconséquences de cette force. En remontant à l’origine, nous verrons que ces champions n’étaient, primitivement, que des assassins à gages, comme on en trouve encore dans plusieurs villes d’Espagne et d’Italie, que l’homme insulté payait pour se défaire de son ennemi, et qu’ensuite, pour diminuer l’espèce de meurtre que cette coutume semblait autoriser, on permit à l’accusé de se défendre de l’assassin gagé contre lui, et d’en payer un aussi contre celui que l’on lui opposait. Telle est la naissance des duels, dont vous voyez que le berceau est dans la loi sage, qui permettait à tout homme la vengeance de son ennemi, en mettant sa tête à prix. On remplaça cet excellent usage