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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/360

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sans se frotter le vit. Et pourquoi n’en jouirions-nous pas aussi de ces fous, dit Clairwil ; tes fantaisies nous électrisent, nous voulons les imiter toutes. Si néanmoins ils sont méchans, nous aurons peur ; s’ils ne le sont pas, nous nous en échaufferons comme toi : pressons-nous, je brûle de te voir aux prises.

Ici les loges environnaient une grande cour plantée de cyprès, dont le verd lugubre donnait, à cette enceinte, toute l’apparence d’un cimetière. Au milieu était une croix garnie de pointes d’un côté ; c’était là-dessus que se garottaient les victimes de la scélératesse de Vespoli. Quatre geoliers, armés de gros bâtons ferrés, dont un seul coup eût tué un bœuf, nous escortaient avec attention. Vespoli qui ne redoutait pas leurs regards, par l’habitude où il était de s’amuser devant eux, leur dit de nous placer sur un banc de cette cour, de rester deux auprès de nous, pendant que les deux autres ouvriraient les loges de ceux dont il aurait besoin. On lui lâche aussitôt un grand jeune homme, nud et beau comme Hercule, qui fit mille extravagances, dès qu’il fut libre : une des premières fut de venir chier à nos pieds ; et Vespoli ne manqua