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Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/121

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que je les partage, mon ange. Tiens,“ me dit-il, en me faisant empoigner un outil si monstrueux que mes deux petites mains pouvaient à peine l’entourer, „tiens, mon enfant, ceci s’appelle un vit, et ce mouvement-là,“ continuait-il en conduisant mon poignet par de secousses rapides, ce mouvement s’appelle „branler“ ainsi : dans ce moment-ci tu me branles le vit, vas, mon enfant, vas, vas-y de toutes tes forces ! plus tes mouvements seront rapides et pressés, plus tu hâteras l’instant de mon ivresse,75) mais observe une chose essentielle,“ ajoutait-il, en dirigeant toujours mes secousses, „observe de tenir toujours la tête à découvert, ne la recouvre jamais de cette peau que nous appelions le prépuce. Si le prépuce venait à recouvrir cette partie que nous nommons le gland, tout mon plaisir s’évanouirait, allons voyons, ma petite,“ continuait mon maître, „voyons que je fasse sur toi ce que tu fais sur moi,“ et se pressant sur ma poitrine en disant cela pendant que j’agissais toujours, il plaça ses deux mains si adroitement, remua les doigts avec tant d’art, que le plaisir me saisit à la fin, et que c’est bien positivement à lui que je dois les premières leçons ; alors la tête venant à me tourner, je quittais ma besogne, et le révérend qui n’était pas prêt à le terminer, consentit à renoncer un instant à son plaisir pour ne s’occuper que du mien et quand il me l’eut fait goûter, il me fit reprendre l’ouvrage que mon extase m’avait obligé d’interrompre, et m’enjoignait bien expressément de ne plus me distraire et de ne plus m’occuper que de lui. Je le fis de toute mon âme, cela était juste, je lui devais bien quelque reconnaissance. J’y allais de si bon cœur et j’observai si bien tout ce qui m’était enjoint que le