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Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/243

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bouche, il les réduisait à fluide, s’en rinçait longtemps la bouche et ne les rendait qu’amollis. Voici, qui [55]en avait une fantaisie plus bizarre, encore, s’il est possible ; il voulait trouver quatre étrons sans une goutte d’urine dans le pot d’une chaise percée. On l’enfermait seul dans la chambre, où était ce trésor. Jamais il ne prenait des filles avec lui, et il fallait avoir le plus grand soin, que tout fût bien clos, qu’il ne pût être vu, ni aperçu d’aucun côté, alors il agissait, mais de vous dire comment, c’est ce que m’est impossible de faire, car jamais personne ne l’a vu, tout ce qu’on sait est que lorsqu’on retournait dans la chambre après lui, on trouvait le pot très vide et extrêmement propre, mais ce qu’il faisait des 4 étrons, je crois que le diable lui-même aurait de la peine à vous le dire, il avait la facilité de les jeter dans des lieux, mais peut-être en faisait-il autre chose, ce qui semble faire croire, qu’il n’en faisait cette autre chose que vous pourriez supposer, c’est qu’il laissait à la Fournier le soin de lui fournir les 4 étrons sans jamais s’informer de qui ils venaient et sans jamais faire sur eux la moindre recommandation. Un jour pour voir, si ce que nous allions lui dire l’alarmerait, alarme qui aurait pu nous donner quelque lumière sur le sort des étrons ; nous lui dîmes que ceux qu’on lui avait donné ce jour-là étaient de plusieurs personnes malsaines et attaqués de la vérole, il en rit avec nous sans s’en fâcher, ce qu’il est pourtant vraisemblable qu’il eût fait, s’il eût employé ces étrons à autre chose qu’à les jeter. Lorsque nous avons voulu quelques fois pousser plus loin nos questions, il nous a fait taire, et nous n’en avons jamais su davantage. C’est tout ce que j’ai à vous