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Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/251

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et nourrie et comme il était seul, je pourrais sans inconvénient, occuper un entresol de son hôtel, que là j’aurais une fille pour me servir et la société de trois de ses amis et de leurs maîtresses avec lesquels il se réunissait pour des soupers libertins quatre fois de la semaine, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Que mon unique occupation serait de beaucoup manger et toujours ce qu’il me ferait servir, parce que faisant ce qu’il faisait, il était essentiel qu’il me fit nourrir à sa mode, de bien manger, dis-je, de bien dormir pour que les digestions fussent faciles, de purger régulièrement tout les mois, et de lui chier deux fois par jour dans la bouche ; que ce nombre ne devait pas m’effrayer, parce qu’en me gonflant de nourriture, comme il allait faire, j’aurais peut-être plutôt besoin d’y aller trois que deux ; le financier pour premier gage du marché, me remit un très joli diamant, m’embrassa, me dit de prendre tous mes arrangements avec la Fournier, et de me tenir prête le lendemain matin, époque où il me viendrait chercher lui-même ; mes adieux furent bientôt faits, mon cœur ne regrettait rien, car il ignorait l’art de s’attacher, mais mes plaisirs regrettaient Eugénie, avec laquelle j’avais depuis 6 mois des liaisons très intimes et je partis. D’Aucourt me reçut à merveille et m’établit lui-même dans le très joli appartement, qui devait faire mon habitation, et je fus bientôt parfaitement établie. J’étais condamnée de faire quatre repas, desquels on retranchait une infinité de choses que j’aurais pourtant beaucoup aimées, tels que le poisson, le huitre, la salaison, les œufs et toute espèce de laitages, mais j’étais si bien dédommagée d’ailleurs qu’en vérité il y aurait de l’hu-