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Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/426

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feu, „allez me chercher à l’instant le commissaire.“ — „Oh ! monsieur, m’écriai-je, „ayez pitié de ma jeunesse, j’ai été séduite, je ne l’ai pas fait de moi-même, on m’y a engagé.“ … „Eh bien,“ dit le paillard, „vous direz toutes ces raisons-là à l’homme de justice, mais je veux être vengé.“ — Le valet sort, il se jette sur un fauteuil, toujours bandant et toujours dans une grande agitation, et m’adressant mille invectives, „cette gueuse, cette scélérate, disait-il, „moi, qui voulait la récompenser comme il faut, venir ainsi chez moi, pour me voler !“ — „Ah parbleu, nous allons voir.“ — En même temps on frappe, et je vois entrer un homme en robe. „M. le commissaire,“ dit le patron, voilà une coquine, que je vous remets, je vous la remets nue, dans l’état où je l’ai fait mettre, pour la fouiller, voilà la fille d’un côté, ses vêtements de l’autre, et de plus l’effet dérobé, et surtout faites-la pendre, M. le commissaire !“ Ce fut alors, qu’il se rejetta sur son fauteuil en déchargeant : „oui, faites-la prendre, sacré Dieu, que je la voie pendre, sacré Dieu, M. le commissaire, que je la voie pendre ! C’est tout ce que j’exige de vous !“ — Le prétendu commissaire, m’emmène avec l’effet et ma [chemise], il me fait passer dans une chambre voisine, défait sa robe, et me laisse voir le même valet, qui m’avait reçu, et engagé au vol, que le trouble dans lequel j’étais, m’avait empêché de reconnaître. „Eh bien,“ me dit-il, avez-vous eu bien peur ?“ — „Hélas,“ lui dis-je. „ Je n’en puis plus, me dit-il, „et voilà, pour vous dédommager,“ et en même temps il me remet de la part de son maître l’effet même que j’avais volé, me rend mes habits, me fait boire un verre de liqueur, et me ramène chez Md. Guérin.“