Aller au contenu

Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce qu’il voulut et lui promis que les personnes qu’il me demandait seraient fournies ; ainsi qu’il l’entendait, dès le lendemain il m’amène sa marchandise, l’épouse était une femme de 36 ans, peu jolie, mais grande et bien faite, un grand air de douceur et de modestie, la demoiselle avait 15 ans, elle était blonde, un peu grasse et de la physionomie du monde la plus tendre et la plus agréable. ? En vérité, monsieur,“ dit l’épouse, „vous nous faites faire là des choses.“ — „J’en suis mortifié,“ dit le paillard, „mais il faut que cela soit ainsi, croyez-moi, prenez votre parti, car je n’en démordrai pas, et si vous résistez en la moindre chose aux propositions et aux actions, auxquelles nous allons vous soumettre, vous, madame, et vous, mademoiselle, je vous mène dès demain dans le fond d’une terre toutes les deux, dont vous ne reviendrez de vos jours.“ Alors l’épouse jeta quelques larmes, et comme l’homme auquel je la destinais, attendait, je la priai de passer dans l’appartement, qui lui était destiné, pendant que sa fille resterait très en sûreté dans une autre chambre avec mes filles jusqu’à ce que son tour vînt. En ce moment cruel, il y eut encore quelques pleurs, et je vis bien que c’était la première fois, que ce mari brutal exigeait de pareilles choses de sa femme, et malheureusement le début était dur, car indépendamment du goût baroque du personnage à qui je la livrais, c’était un vieux libertin fort impérieux et fort brusque, et qui ne la traiterait pas très honnêtement : „Allons, point de pleurs,“ lui dit le mari en entrant, „songez que je vous observe et que, si vous ne satisfaites pas amplement l’honnête homme, auquel on vous livre, j’entrerai moi-même pour vous y contraindre, allez entrer !“ —