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Page:Sade - Les 120 journées de Sodome (édition numérique).djvu/97

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l’évêque, mais il me semble, parbleu, que j’aurais mieux aimé sentir cette femme-là au cul que de la flairer sous les bras. — Ah, ah ! dit Curval, l’un et l’autre a bien des attraits, et je vous assure que si vous en aviez tâté vous verriez que c’est très délicieux. — C’est-à-dire, monsieur le Président, dit l’évêque, que ce ragoût-là vous amuse aussi ? — Mais j’en ai tâté, dit Curval, et à quelques épisodes près que j’y mêlais de plus, je vous proteste que je ne l’ai jamais fait sans qu’il m’en coûtât du foutre. — Eh bien ! ces épisodes, je les devine. N’est-ce pas, reprit l’évêque, vous sentiez le cul… — Eh ! bon, bon, interrompit le duc. Ne lui faites pas faire sa confession, monseigneur ; il nous dirait des choses que nous ne devons pas encore entendre. Continuez, Duclos, et ne laissez pas ces causeurs-là aller ainsi sur vos brisées. »

« Il y avait, reprit notre narratrice, plus de six semaines que la Guérin défendait absolument à ma sœur de se laver et qu’elle exigeait d’elle, au contraire, de se tenir dans l’état le plus sale et le plus impur qu’il pût lui être possible, sans que nous devinassions ses motifs, lorsqu’il arriva enfin un vieux paillard bourgeonné qui, d’un air à moitié ivre, demanda grossièrement à madame si la putain était bien sale. “Oh ! je vous en réponds,” dit la Guérin. On les assemble, on les enferme, je vole au trou ; à peine y suis-je que je vois ma sœur à cheval, nue, sur un grand bidet rempli de vin de champagne, et là, notre homme, armé d’une grosse éponge, la nettoyait, l’inondait, en recueillant avec soin jusqu’aux moindres gouttes qui coulaient de son corps ou de son éponge. Il y avait si longtemps que ma sœur ne s’était nettoyée en aucune partie d’elle-même, car on s’était même fortement opposé à ce qu’elle se torchât le derrière, que le vin acquit aussitôt une couleur brune et sale et vraisemblablement une odeur qui ne devait pas être très agréable. Mais plus cette liqueur se corrompait par les saletés dont elle se chargeait, plus elle plaisait à notre libertin. Il la goûte, il la trouve délicieuse ; il s’arme d’un verre et, en une demi-douzaine de rasades, il avale le vin dégoûtant et putréfié dans lequel il vient de laver un corps chargé depuis si longtemps de souillures. Quand il a bu, il saisit ma sœur, la couche à plat ventre sur le lit et lui dégorge sur les fesses et sur le trou bien entrouvert les flots de l’impudique semence que faisaient bouillonner les impurs détails de sa dégoûtante manie. Mais une autre, bien plus sale encore, devait incessamment s’offrir à mes regards. Nous avions dans la maison une de ces femmes que l’on appelle des marcheuses, en terme de bordel, et dont le métier est de courir nuit et jour pour aller déterrer du nouveau gibier. Cette créature, âgée de plus de quarante ans, joignait à des appas très flétris et qui n’avaient jamais été bien séduisants, l’affreux défaut de puer des pieds. Tel était positivement le sujet qui convenait au marquis de … Il arrive, on lui présente dame Louise (c’était le nom de l’héroïne), il la trouve délicieuse, et sitôt qu’il la tient au sanctuaire des plaisirs, il la fait déchausser. Louise, à qui l’on avait bien recommandé de ne pas changer de bas ni de souliers pendant plus d’un mois, offre au marquis un pied infect