Aller au contenu

Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mis au monde Ernestine, qui fait le sujet de cette anecdote. Il y a trois ans que Sanders pouvait en avoir environ quarante-deux, sa fille en avait seize alors, et passait avec juste raison pour une des plus belles créatures qu’on eût encore vu en Suède ; elle était grande, faite à peindre ; l’air noble et fier, les plus beaux yeux noirs, les plus vifs, de très-grands cheveux de la même couleur, qualité rare dans nos climats ; et malgré cela, la peau la plus belle et la plus blanche ; on lui trouvait un peu de ressemblance avec la belle comtesse de Sparre, l’illustre amie de notre savante Christine, et cela était vrai.

La jeune Sanders n’était pas arrivée à l’âge qu’elle avait, sans que son cœur eût déjà fait un choix ; mais ayant souvent entendu dire à sa mère combien il était cruel pour une jeune femme qui adore son mari, d’en être à tout instant séparée par les devoirs d’un état qui l’enchaîne, tantôt dans une ville, et tantôt dans une autre, Ernestine avec l’approbation de son père, s’était déterminée