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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/15

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que tu seras bientôt dépossédé par des nations étrangères, afin que tu sois châtié de tes crimes ».

À l’instant la scène change, les voûtes disparaissent ; Rodrigue les franchit ; une puissance aérienne, qu’il n’apperçoit point, le transporte à côté de son guide, sur le haut des tours de Tolède. Vois ton sort, lui dit le géant ; le prince jetant aussi-tôt les yeux sur la campagne, apperçoit les Mores aux prises avec ses peuples, et ceux-ci tellement défaits, qu’à peine voit-on des fuyards. Que décides-tu après ce spectacle, demande le géant au roi ?… Je veux retourner dans la tour, dit le fier Rodrigue ; je veux y enlever les trésors qu’elle renferme, et revenir tenter la fortune, dont dette vision ne me fait point craindre les revers. J’y consens, dit le spectre ; réfléchis-y pourtant, il te reste de furieuses épreuves, et tu ne m’auras plus pour t’enhardir. J’entreprendrai tout, dit Rodrigue. Soit, répondit le géant, mais souviens-toi qu’en triomphant même de tout… qu’en emportant les trésors que