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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/157

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je vous estime, vous avez le cœur de celle que vous adorez, je consens donc à tout, sans doute, mais je serais désolé de vous avoir préparé des regrets ; vous êtes jeunes tous deux, on ne voit que l’amour à votre âge, on s’imagine qu’il doit nous faire vivre ; on se trompe, l’amour languit sans la richesse, et le choix qu’il a dirigé seul, est bientôt suivi de remords. Mon père, dit Ernestine, en se jetant aux pieds de Sanders… respectable auteur de mes jours, ne m’enlevez pas l’espérance d’être à mon cher Herman, vous me promîtes sa main dès l’enfance… cette idée fait toute ma joie, vous ne me l’arracheriez pas sans me causer la mort ; je me suis livrée à cet attachement, il est si doux de voir ses sentimens approuvés de son père ; Herman trouvera dans l’amour qu’il a pour moi, toute la force nécessaire à résister aux séductions de la Scholtz… Ô mon père, ne nous abandonnez pas. Relève-toi, ma fille, dit le colonel, je t’aime… je t’adore… puisqu’Herman fait ton bonheur, et que vous vous convenez tous deux, ras-