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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/168

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le plus aimable des êtres comme tu en es le plus aimé. Herman baisa mille fois les mains de sa maîtresse, il cessa de témoigner des craintes, mais il n’en guérit pas ; il est dans le cœur d’un homme qui aime, de certains pressentimens trompent bien peu ; Herman les éprouva, il les fit taire, et la belle Ernestine parut au cercle de madame Scholtz, comme la rose au milieu des fleurs ; elle avait pris l’ajustement des anciennes femmes de sa patrie ; elle était vêtue à la manière des Scites, ses traits nobles et fiers, singulièrement rehaussés par cette parure, sa taille fine et souple infiniment mieux marquée sous ce juste sans pli, qui dessinait ses formes, ses beaux cheveux flottans sur son carquois, cet arc qu’elle tenait à la main… tout lui donnait l’air de l’amour déguisé sous les traits de Bellonne, et l’on eut dit que chacune des flèches qu’elle portait avec tant de grâce, devait en atteignant les cœurs, les enchaîner bientôt sous son céleste empire.

Si le malheureux Herman ne vit pas