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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/189

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à-fait aussi crédule ; quelques propos imprudens échappés à la Scholtz, dans la joie où elle était sans doute de voir aussi-bien servir sa vengeance, lui firent naître des soupçons qu’il communiqua à sa maîtresse ; cette tendre fille le rassura ; elle lui fit sentir qu’un homme de la naissance et de l’état d’Oxtiern devait être incapable de tromper… L’innocente créature, elle ne savait pas que des vices, étayés de la naissance et de la richesse, enhardis dès-lors par l’impunité, n’en deviennent que plus dangereux. Herman dit qu’il voulait s’éclaircir avec le comte lui-même ; Ernestine lui interdit les voies de fait ; le jeune homme se défendit de les vouloir prendre ; mais n’écoutant au fond que sa fierté, son amour et son courage, il charge deux pistolets ; dès le lendemain matin, il s’introduit dans la chambre du comte, et le prenant au chevet du lit, monsieur, lui dit-il audacieusement, je vous crois un homme d’honneur ; votre nom, votre place, votre richesse, tout doit m’en convaincre ; j’exige donc votre parole,