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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/210

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loin de commettre ? Herman aime mieux se livrer à son sort, et réclamer aussi-tôt par lettres la protection du sénateur et l’amitié du colonel ; il croyait être sûr du premier, et ne doutait sûrement pas du second. Il leur écrit le malheur affreux qui lui arrive, il les convainc de son innocence, fait sur-tout sentir au colonel combien une pareille aventure devient funeste pour lui, avec une femme dont le cœur paîtri de jalousie ne manquera pas de saisir cette occasion pour l’anéantir. Il lui demande les conseils les plus prompts dans cette fatale circonstance, et se livre aux décrets du ciel, osant se croire sûr que leur équité n’abandonnerait pas l’innocence.

Vous imaginez aisément que notre jeune homme dut passer une nuit affreuse ; dès le matin, la Scholtz le fit venir dans son appartement. Eh bien ! mon ami, lui dit-elle, avec l’air de la candeur et de l’aménité, êtes-vous prêt à confesser vos erreurs, et vous décidez-vous enfin à me dire la cause d’un procédé si singulier de votre part ? Je me