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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/222

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mée, je croyais ces sentimens déjà loin de vous, et je ne conçois pas qu’ils vous occupent encore ! — C’est rendre à la fois bien peu de justice à tous deux, ou que de croire que les impressions que vous produisez puissent s’affaiblir, ou que d’imaginer que quand c’est mon cœur qui les reçoit, elles puissent n’y pas être éternelles. — Peuvent-elles donc s’accorder avec l’honneur ? et n’est-ce point par ce serment sacré, que vous m’avez promis de ne me conduire à Stockholm, que pour l’avancement de mon père et ma réunion à Herman ? — Toujours Herman, Ernestine ; eh quoi ! ce nom fatal ne sortira point de votre mémoire ? — Assurément non, sénateur, il sera prononcé par moi, aussi long-tems que l’image chérie de celui qui le porte, embrâsera l’âme d’Ernestine, et c’est vous avertir que la mort, en deviendra l’unique terme ; mais, comte, pourquoi retardez-vous les promesses que vous m’avez faites ?… je devais, selon vous, revoir bientôt ce tendre et unique objet de ma flamme, pourquoi