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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/230

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digne des hommages de l’Univers entier… Quelques circonstances l’alarmèrent pourtant, et ralentirent la douce émotion dont elle était saisie ; quoiqu’il fît grand jour, pas un valet ne paraissait dans cette maison… un silence lugubre y régnait ; on ne disait mot, les portes se refermaient avec soin aussitôt, qu’on les avait dépassées ; l’obscurité devenait toujours plus profonde, à mesure que l’on avançait ; et ces précautions effrayèrent tellement Ernestine, qu’elle était presque évanouie, quand elle entra dans la pièce où l’on voulait la recevoir ; elle y arrive enfin ; ce salon assez vaste donnait sur la place publique ; mais les fenêtres étaient closes absolument de ce côté, une seule sur les derrières faiblement entr’ouverte, laissait pénétrer quelques rayons à travers les jalousies baissées sur elle, et personne n’était dans cette pièce quand Ernestine y parut. L’infortunée respirait à peine : voyant bien pourtant que sa sûreté dépendait de son courage, monsieur, dit-elle, avec sang-froid, que signifient cette solitude, ce silence effrayant… Ces portes que l’on