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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/241

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toi… la mort est dans mon sein. — Écoutez-moi, mon père… retenez vos larmes… (et se jetant dans les bras du colonel) : nous n’étions pas nés pour être heureux, mon père ; il est de certains êtres que la nature ne crée que pour les laisser flotter de malheurs en malheurs, le peu d’instans qu’ils doivent exister sur la terre ; tous les individus ne doivent pas prétendre à la même portion de félicité, il faut se soumettre aux volontés du ciel ; votre fille vous reste au moins, elle consolera votre vieillesse, elle en sera l’appui… Le malheureux jeune homme de Nordkoping dont vous venez d’entendre parler, est Herman, il vient de périr sur un échafaud, sous mes yeux… oui, mon père, sous mes yeux… on a voulu que je le visse… je l’ai vu… il est mort victime de la jalousie de la Scholtz et de la frénésie d’Oxtiern… Ce n’est pas tout mon père, je voudrais n’avoir à vous apprendre que la perte de mon amant, j’en ai fait une plus cruelle encore… votre fille ne vous est rendue que déshonorée… Oxtiern… pendant