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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/31

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te portera d’un vol rapide où tes pas se dirigent depuis si long-temps ». Le monarque obéit, dans trois minutes il est au haut des airs. « Rodrigue, lui dit alors le fier oiseau qui le porte, regarde si ton orgueil était juste… voilà toute la terre à tes pieds ; observe le chétif coin du globe où tu dominais, devait-il te rendre orgueilleux de ton rang et de ta puissance ? vois ce que doivent être aux yeux de l’Éternel ces frêles potentats qui se disputent le monde, et souviens-toi que ce n’est qu’à lui qu’il appartient d’exiger les hommages des hommes ».

Rodrigue s’élevant toujours, distingue enfin quelques-unes des planètes dont l’espace est rempli ; il reconnaît que la Lune, Vénus, Mercure, Mars, Saturne et Jupiter, auprès desquels il passe, sont des mondes comme la terre. Sublime oiseau, s’écrie-t-il, ces mondes sont-ils habités comme le nôtre ? Ils le sont par des êtres meilleurs, répond l’aigle ; modérés dans leurs passions, ils ne se déchirent point entre eux pour les assouvir ; on n’y voit que des peuples heureux, et