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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/59

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molerai cet amour, où je puise mon bonheur et ma vie ; et voyant sa maîtresse en larmes, calme-toi, Laurence, calme-toi, je reviendrai triomphant et fidèle, et les baisers de ta bouche de rose récompenseront à-la-fois l’amant et le vainqueur. Antonio s’arrache, et Laurence est évanouie dans les bras de ses femmes ; elle croit encore dans son délire entendre les accens flatteurs qui viennent de l’enchanter… elle étend ses bras, ne saisit qu’une ombre, et retombe dans les plus violens accès de la douleur.

Avec l’âme que l’on connaît à Charles Strozzi, avec ses principes et ses passions, il est aisé de sentir qu’il ne fut pas maître de la jeune beauté qu’on avait eu l’imprudence de laisser dans ses mains, sans concevoir au même instant le projet barbare de l’enlever à son fils.

Eh ! qui sans l’adorer, pouvait en effet voir Laurence ? Quel être eût pu résister à la flamme de ses grands yeux noirs, où la volupté même avait choisi son temple ?… Accours, fils de Vénus, prête-moi ton