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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/73

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agreste encore. Il avait été convenu que l’été se passerait dans cette maison ; les troubles qui allaient agiter Florence, en rendaient l’habitation dangereuse ; cette solitude, d’ailleurs, était du goût de Charles. Le crime se plaît dans ces sites affreux, l’obscurité des vallons, le sombre imposant des forêts, en enveloppant un coupable des ombres du mystère, semblent le disposer plus énergiquement aux complots qu’il médite ; l’espèce d’horreur que ces situations jettent dans l’âme, l’entraîne à des actions, ayant cette même teinte de désordre qu’imprime la nature à ces lieux effrayans ; on dirait que la main de cette incompréhensible nature, veuille asservir tout ce qui vient la contempler dans ses caprices… aux mêmes irrégularités qu’elle présente.

Oh dieu ! quel désert, dit Laurence effrayée, en appercevant un amas de tours au fond d’un précipice, tellement couronné de sapins et de mélèzes[1] que

  1. Espèce de sapin commun dans les Alpes