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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/75

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s’établir ; mais l’épouse d’Antonio, quoiqu’au milieu du luxe et de l’abondance, ne voyant absolument personne venir dans ce réduit obscur, s’apperçut promptement que sa retraite n’était qu’une honnête prison ; elle témoigne un peu d’inquiétude, Charles allègue les malheurs du tems, les difficultés, le danger des chemins… la décence qui paraît exiger que pendant qu’Antonio est à l’armée sa femme vive dans la solitude… Cet ennui s’égayera pourtant, dit Charles avec fausseté ; vous le voyez, ma fille, je n’ai rien épargné de ce qui peut vous plaire ; Camille qui vous est attachée, Urbain qui vous amuse, sont du voyage et s’empressent à vous prévenir… Vos desseins… votre guittare, un assez bon nombre de livres, parmi lesquels je n’ai point oublié Pétrarque que vous chérissez, tout est ici… tout va servir à vous distraire, et six mois s’écoulent bien vîte. Laurence s’informe des moyens d’écrire à son mari. Vous me donnerez vos lettres, répond Charles, et chaque semaine elles partiront dans mon paquet.