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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/80

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prudemment laissé sur une table…… Approche, monstre, lui dit-elle, approche, si tu l’oses à présent, mes premiers coups seront pour toi, les seconds m’arracheront le jour. Une aussi courageuse action dans une femme qui touchait à peine à sa seizième année, en impose totalement à Strozzi ; il n’était pas encore le maître de sa belle-fille, comme il espérait de le devenir un jour ; il se calme, ou plutôt il feint. Quittez cette arme, Laurence, dit-il avec sang-froid, quittez-là je vous l’ordonne par l’autorité que j’ai sur vous… et lui ouvrant la porte de l’appartement… sortez, madame, continua-t-il, sortez, vous êtes libre, je vous donne ma foi, de ne plus vous contraindre… je me trompais, il est des âmes à la félicité desquelles il ne faut jamais travailler, trop de préjugés les offusquent, il faut les y laisser languir ; sortez, vous dis-je, et laissez cette arme. Laurence obéit sans répondre, et dès qu’elle a franchi la porte de cet appartement fatal, elle jette le poignard et rentre chez elle.

L’unique consolation de cette malheu-