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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/89

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pour toi, ne m’eût pas encore paru suffisant à te convaincre de mon amour… quand je te comparais aux anges du ciel !… quand le bonheur dont ils jouissent était l’image de celui que j’attendais dans tes bras… tu me trahissais donc aussi cruellement !… non, il ne sera point de supplice assez effrayant… il n’en sera point d’assez horrible !… qui, moi, me venger de Laurence !… la supposer coupable… je le verrais sans le croire… elle me le dirait, que j’accuserais mes sens d’erreur, bien plutôt qu’elle d’inconstance… Non, non, ce n’est que moi qu’il faut punir, mon père… c’est dans mon cœur que s’enfoncera le poignard… Ô Laurence ! Laurence, que sont devenus ces jours délicieux où les sermens de ton amour s’imprimaient si bien dans mon âme… N’était-ce donc que pour me tromper que l’amour t’embellissait, en prononçant ces promesses flatteuses ! ta douce voix n’augmentait-elle de charmes que pour me séduire avec plus d’art ? et toutes les expressions de ta tendresse devaient-elles se changer