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Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/11

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bientôt. Enfin, mon cher, je suis un animal amphibie, j’aime tout, je m’amuse de tout, je veux réunir tous les genres ; mais, avoue-le, mon frère, n’est-ce pas une extravagance complette à moi, que de vouloir connaître ce singulier Dolmancé qui de ses jours, dis-tu, n’a pu voir une femme comme l’usage le prescrit, qui, sodomite par principe, non-seulement est idolâtre de son sexe, mais ne cède même au nôtre, que sous la clause spéciale de lui livrer les attraits chéris dont il est accoutumé de se servir chez les hommes. Vois, mon frère, quelle est ma bizarre fantaisie ! je veux être le Ganimède de ce nouveau Jupiter, je veux jouir de ses goûts, de ses débauches, je veux être la victime de ses erreurs : jusqu’à présent tu le sais, mon cher, je ne me suis livrée ainsi, qu’à toi, par complaisance, ou qu’à quelqu’un de mes gens qui, payé pour me traiter de cette façon, ne s’y prêtait que par intérêt ; aujourd’hui ce n’est plus ni la complaisance, ni le caprice, c’est le goût seul qui me détermine… Je crois, entre les procédés qui m’ont asservie,

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