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Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/20

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fréné, nous l’embrâserons de nos feux, nous l’alimenterons de notre philosophie, nous lui inspirerons nos desirs, et comme je veux joindre un peu de pratique à la théorie, comme je veux qu’on démontre à mesure qu’on dissertera, je t’ai destiné, mon frère, à la moisson des myrthes de Cythère, Dolmancé à celle des roses de Sodome. J’aurai deux plaisirs à la fois, celui de jouir moi-même de ces voluptés criminelles et celui d’en donner des leçons, d’en inspirer les goûts à l’aimable innocente que j’attire dans nos filets. Eh bien, Chevalier, ce projet est-il digne de mon imagination ?

Le Chevalier.

Il ne peut être conçu que par elle, il est divin, ma sœur, et je te promets d’y remplir à merveille le rôle charmant que tu m’y destine. Ah ! friponne, comme tu vas jouir du plaisir d’éduquer cette enfant ; quelles délices pour toi de la corrompre, d’étouffer dans ce jeune cœur toutes les semences de vertu et de religion qu’y placèrent ses institutrices. En vérité cela est trop roué pour moi.

Madame